Qu’entendons-nous par savoir traditionnel des Inuits?
Bien que souvent transmis d’une génération à l’autre, le savoir des Inuits n’est pas traditionnel dans le sens d’immuable. C’est plutôt un savoir qui est héréditaire, mais qui a également été renforcé, révisé et mis à jour grâce à une interaction dynamique avec l’environnement.
Aujourd’hui, au Nunavut, le savoir traditionnel est formellement appelé Inuit Qaujimajatuqangit. La Qikiqtani Inuit Association décrit l’Inuit Qaujimajatuqangit comme « ensemble de connaissances et de perspectives culturelles particulières que les Inuits ont du fonctionnement de la nature, des humains et des animaux ».
L’environnement arctique rigoureux exige la vigilance, la flexibilité, l’ingéniosité et la capacité d’adaptation des populations humaines qui y vivent, que ce soit aujourd’hui ou dans le passé. Cela est particulièrement vrai dans le cas des Inuits et des groupes autochtones précédents qui dépendaient des ressources naturelles de la région.
Les populations animales de l’Arctique ont tendance à être peu nombreuses et très dispersées. Éparpillés dans une vaste région, les animaux doivent parcourir de grandes distances à la recherche de nourriture. À leur tour, les Inuits, qui dépendaient des ressources animales pour l’alimentation et les matériaux, devaient toujours observer et apprendre à connaître les caractéristiques de chaque animal, ainsi que ses mouvements, ses tendances migratoires et ses sites d’alimentation typiques.
La science du savoir traditionnel des Inuits
Qu’entendons-nous par science occidentale?
La science occidentale, telle qu’elle était pratiquée au cours de la première Année polaire internationale (API), est généralement associée au savoir développé en Europe ou dans les pays colonisés par les Européens. Elle est apparue au cours de la révolution scientifique des derniers siècles.
C’était l’un des principaux moyens d’essayer de connaître le monde grâce à la mise en application des connaissances et des théories universelles. Nous l’associons aux observations empiriques minutieuses de la mise à l’épreuve des phénomènes naturels.
La mise en application de pratiques et de théories scientifiques occidentales dans les régions polaires, comme en témoigne la première Année polaire internationale, représente des efforts multinationaux vastes et coordonnés visant à développer les connaissances nécessaires pour maîtriser l’environnement naturel.
Les connaissances tirées de ces approches sont souvent extraites et retirées des environnements spécifiques, dans lesquelles elles ont été recueillies, pour être intégrées dans les grands ensembles de connaissances par et pour les populations d’autres régions et lieux.
Qu’entendons-nous par Inuit Qaujimajatuqangiit (méthodes d’acquisition du savoir)?
Comme la science occidentale, le savoir traditionnel inuit est également empirique. Il est fondé sur l’observation attentive des phénomènes naturels et vise aussi une certaine maîtrise de l’environnement. Toutefois, l’Inuit Qaujimajatuqangiit diffère de la science occidentale de plusieurs façons importantes. Il repose sur les caractéristiques suivantes :
- il est d’origine locale;
- il a été développé pour permettre une adaptation plus efficace à l’environnement dans lequel vivent les Inuits;
- il n’a pas été développé pour ceux qui vivaient à l’extérieur de la localité ou de la région;
- les nations qui ont participé à la première Année polaire internationale, par exemple, estimaient que l’Arctique et la météorologie de l’Antarctique étaient essentiels pour comprendre comment des processus similaires fonctionnaient dans d’autres régions du monde;
- on y recourait continuellement pour la résolution des problèmes quotidiens;
- il était mis en application sur place - le savoir n’était pas utilisé ailleurs;
- toutefois, pour que les deux types de sciences fonctionnent, il faut toujours localiser le savoir. Il doit être mis à l’épreuve sur les lieux et dans les conditions environnementales dans lesquelles il est acquis.